L'art préroman ou architecture préromane
Art préroman ou plus souvent Architecture préromane sont des expressions employées pour désigner les œuvres construites durant la période qui s'étend entre la fin de l'art paléochrétien (fin que l'on fait correspondre à la chute l'Empire romain d'Occident en 476) et les premiers arts romans vers l'an mille. La chute de l'Empire en Occident met fin à une certaine homogénéité architecturale, tandis que dans l'Empire romain d'Orient autour de Constantinople se développe l'art byzantin avec Justinien.
Les conquêtes germaniques, l'expansion de l'islam et du christianisme engendrent des espaces artistiques avec les caractéristiques spécifiques aux arts des migrations (300-900), mérovingien (460-750), lombard (568-774), slaves, wisigoth (ve siècle au début du viiie siècle), mozarabe, asturien (fin du viiie siècle, début du xe siècle), anglo-saxon (ve siècle-1066), puis aux grandes périodes de renaissance de l'Empire carolingien et du Saint Empire romain germanique avec les arts carolingien (750-950) et ottonien (950-1020).
Après une période de recherches et de développement parfois tortueux, les grandes composantes classiques méditerranéennes et paléochrétiennes se sont définitivement unies avec les apports germaniques dans l'art roman, le premier grand style universel que l'Europe occidentale ait créé depuis le déclin de la civilisation gréco-romaine.
L'art roman ou architecture romane
En histoire de l'art, l'art roman est la période qui s'étend du début du xie siècle à la seconde moitié du xiie siècle, entre l'art préroman et l'art gothique, en Europe. L'expression « art roman » est forgée en 1818 par l'archéologue français Charles de Gerville et passe dans l'usage courant à partir de 1835.
L'art roman regroupe aussi bien l'architecture romane que la sculpture, la peinture ou la statuaire romane de la même époque. L'expression recouvre une diversité d'écoles régionales aux caractéristiques stylistiques différenciées, mais qui allient maîtrise technique et audace.
Se développant lors d'une période d'expansion économique, il n'a pas été le produit d'une seule nationalité ou d'une seule région, mais est apparu progressivement et presque simultanément dans plusieurs régions d'Europe occidentale. Dans chacune d'elles, il a des caractéristiques propres (par exemple : l'utilisation de pierres différentes dans chaque région), bien qu'avec une unité suffisante pour être considéré comme le premier style international, avec un cadre européen. Son domaine d'expression est essentiellement religieux avec notamment l'adoption du plan basilical pour les églises et la généralisation de l'emploi de la voûte en berceau.
L'architecture gothique
L'architecture gothique est un style architectural d'origine française qui s'est développé à partir de la seconde partie du Moyen Âge en Europe occidentale. Elle apparaît en Île-de-France et en Haute-Picardie au xiie siècle. Elle se diffuse rapidement au nord puis au sud de la Loire et en Europe jusqu'au milieu du xvie siècle et même jusqu'au xviie siècle dans certains pays. L'esthétique gothique et ses techniques se perpétuent dans l'architecture française au-delà du xvie siècle, en pleine période classique, dans certains détails et modes de constructions. Enfin, un véritable renouveau apparaît avec la vague de l'historicisme du xixe siècle jusqu'au début du xxe siècle. Le style a alors été qualifié de néo-gothique.
Même s'il est courant de définir l'architecture gothique par l'usage de l'arc brisé (l'« ogive » des anciens antiquaires qui remplace l'arc en plein cintre) permettant aux murs de gagner en hauteur, la voûte sur croisée d'ogives qui permet à l'édifice de prendre en largeur et l'arc-boutant pour étayer la maîtresse voûte, on ne saurait réduire un style architectural précis, ou tout autre art, à des caractéristiques techniques. L'époque gothique est marquée par leur utilisation de plus en plus systématique qui permet, entre autres, d'évider plus largement les murs, ce qui conduit les maîtres d'œuvre, dans leur quête effrénée de la lumière, à la quasi-disparition de la paroi et à son remplacement par d'immenses verrières dans l'architecture rayonnante.
À l'encontre d'une idée reçue, l'arc brisé, la voûte sur croisée d'ogives et l'arc-boutant ne sont pas des inventions gothiques. Ils sont utilisés bien avant l'apparition des premiers bâtiments gothiquesnote. Caractéristiques de l'époque gothique, l'arc brisé et l'arc-boutant sont employés dans l'architecture romane de Bourgogne et généralisés très tôt par les cisterciens, la voûte sur croisée d'ogives apparaît dans l'architecture romane normande.
De nombreux autres procédés architecturaux ou décoratifs ont été employés. L'alternance de piles fortes et piles faibles rythme la nef et renforce ainsi l'impression de longueur, d'horizontalité. Le rapport hauteur/largeur de la nef accentue ou diminue la sensation de hauteur de la voûte. La forme des piles, la décoration des chapiteaux, la proportion des niveaux (grandes arcades, triforium, fenêtres hautes)... participent tous à l'expression de l'esthétique de l'architecture gothique:
volonté de hauteur (cathédrale Saint-Pierre de Beauvais);
recherche de verticalité (cathédrale Notre-Dame d'Amiens);
alternance des vides et des pleins (cathédrale Notre-Dame de Laon);
fusion de l'espace (cathédrale Saint-Étienne de Bourges);
multiplication des jeux de lumières et de couleurs (cathédrale Notre-Dame de Chartres)
volonté d'accueillir le plus grand nombre de fidèles (les deux tiers de l'église gothique sont désormais réservés aux laïcs).
Ainsi, les éléments architecturaux ont été mis au service de choix et de recherches esthétiques. Ils n'ont été que des outils pour obtenir les effets recherchés. Pour élever les nefs toujours plus haut, il a fallu améliorer la technique de l'arc-boutant. Pour augmenter la lumière et évider les murs, l'usage de l'arc brisé était mieux adapté. Les piles fasciculées ont homogénéisé l'espace et donné une sensation de logique aux volumes.
Enfin, l'esthétique de l'architecture gothique est généralement associée à une polychromie, à l'intérieur et à l'extérieur, notamment pour les sculptures, les arcs et les moulures, mais aussi fréquemment sur les parois. Ces décors ont fait l'objet des recherches de l'archéologie du bâti, discipline qui a pris son essor dans les années 1990. Contrairement à la vision que le public en a aujourd'hui, les églises à l'époque gothique sont parfois revêtues d'une épaisse couche d'enduit ou de mortier ornés d'un faux appareil ou de couleurs produites par des pigments, de la feuille d'or ou des inclusions de matériaux polychromes (voire pour les toitures par des tuiles vernissées ou des tables de plomb polychromes). Cette ornementation chromatique, tout en contribuant à la protection de l'église, notamment du gel, participe à l'effet de transparence, favorisant la confusion visuelle entre la paroi et l'enveloppe et niant la réalité lithique de l’édifice sous le voile d'une luminance incarnée.